Celagri, la cellule d’information sur l’agriculture animée par le Collège des Producteurs a décidé de réagir aux publications récentes et nombreuses qui prônent la fin de l’élevage. La tribune qui suit est parue dans le journal l’Avenir du mardi 25 juillet 2023.
On lit et on entend de nombreux messages ayant pour objectif une diminution voire un arrêt de la consommation de viande, de lait et d’œufs et ainsi de passer à une alimentation végétalienne (végan). Dans une société où les extrêmes font « la une », ces messages sont répétés et relayés à loisir par des postures militantes majoritairement ancrées sur un cap de « fin de l’élevage ». Hors de ces positions extrêmes, CELAGRI.be, la Cellule d’Information sur l’Agriculture souhaite contribuer au débat qui a des implications nombreuses, variées et importantes pour notre alimentation et notre société.
CELAGRI.be, est une initiative du Collège des Producteurs qui a vocation à contribuer à une meilleure connaissance des enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation. Derrière CELAGRI.be, ce sont plus de 200 experts et scientifiques liés aux questions agricoles et alimentaires qui collaborent pour répondre aux inquiétudes de la société. Ils rassemblent leurs savoirs et expertises pour nourrir la réflexion grâce à leur diversité disciplinaire : agronomie, médecine, alimentation, sociologie, diététique, …
L’herbe constitue 60% à 80% de la ration alimentaire d’une vache en Wallonie. En plus des fourrages (herbe pâturée, ensilage de maïs ou d’herbe), d’autres aliments sont utilisés pour équilibrer la ration alimentaire des vaches : céréales, drêches de brasseries, tourteaux de colza, de soja et de lin, pois et oléagineux… A l’exception des céréales, il s’agit de co-produits de l’industrie agro-alimentaire. Les ruminants ne sont pas nourris principalement de soja importé comme on peut l’entendre et le lire trop souvent.
Le choix d’un régime végétarien ou végétalien (vegan) est possible mais nécessite d’être discuté avec un médecin nutritionniste ou avec un diététicien, particulièrement pour les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et allaitantes et les personnes âgées car cela augmente les risques de carences (en vitamine B12, fer, zinc, sélénium, calcium, et autres nutriments) et ne doit pas se faire à la légère.
La viande, les produits laitiers et les œufs sont des sources importantes de protéines, de lipides, de vitamines et de minéraux et gardent une place importante dans une alimentation équilibrée qui respecte les recommandations nutritionnelles. En effet, le Conseil Supérieur de la Santé émet des recommandations de consommation pour tous les aliments. Il recommande, par exemple, de limiter sa consommation à 300 g de viande rouge cuite et 30 g de viande transformée par semaine mais ne recommande pas d’arrêter complètement sa consommation de viande rouge ou de volaille.
En 2020, 13% des émissions de gaz à effet de serre en Wallonie étaient émises par le secteur agricole dont 8% sont imputables à l’élevage. L’agriculture reste la 4ème source d’émissions de GES après l’industrie, le transport et le résidentiel en Wallonie.
Différentes études menées en Belgique mentionnent des empreintes carbone de l’ordre d’1kg de CO2 / litre de lait et une fourchette comprise entre 15 et 50 kg de CO2 par kg de viande produite selon les conditions d’élevage pour de la viande bovine locale. Ce qui est en deçà de la viande bovine importée d’Outre Atlantique. La viande d’agneau donne des résultats compris dans ces valeurs. Pour la viande de porc et de volailles, l’empreinte carbone est plus faible et comprise entre 5 et 15 kg de CO2 par kg de viande.
On lit souvent qu’il faudrait 15 000 L d’eau pour produire un kg de viande de bœuf ou 1 000 L d’eau pour produire un L de lait. Ces données sont trompeuses car elles prennent en compte l’eau de pluie qui tombe naturellement sur les surfaces de pâturages et les cultures (eau qui reste dans l’environnement). Si on ne prend en compte que l’eau consommée par les animaux et les plantes qui nourrissent ces mêmes animaux, on obtient des consommations en eau de l’ordre de 20 à 50 L par kg de viande de bœuf produit et de 3 et 17 L d’eau par L de lait produit.
Les engrais organiques produits par les animaux d’élevage sont utilisés sur les prairies et les cultures et permettent de se substituer aux engrais de synthèse gourmands en énergie (engrais azotés) ou devant être importés de mines souvent lointaines (engrais phosphatés et potassiques).
Il est dans l’intérêt de l’éleveur de prendre soin de ses animaux et de diminuer au maximum les expériences négatives et la souffrance que ses animaux pourraient rencontrer. Enfin, les éleveurs sont accompagnés sur ces questions de santé et bien-être animal par des vétérinaires expérimentés. L’élevage évolue donc avec notre société et continuera à le faire afin de répondre aux mieux aux besoins tant des animaux que des consommateurs.
L’élevage garde un rôle très important dans notre système agricole et alimentaire. La liberté des choix alimentaire de chacun est primordiale et la diversité de l’assiette est un atout majeur. Toutefois, l’élevage n’est pas responsable de tous les maux et se passer de l’élevage et des produits qui en découlent ne résoudra pas tous nos problèmes et pourrait même en engendrer d’autres.
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