Comment les animaux d’élevage ressentent-ils la température ?

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Le changement climatique implique, notamment, une augmentation des vagues de chaleur, qui deviennent de plus en plus longues et intenses. Ces vagues de chaleur ont un impact sur le bien-être des animaux et leur production. Les éleveurs mettent en place des adaptations au niveau des étables, de l’alimentation et de l’abreuvement pour permettre aux animaux d’être le mieux possible.

Un premier constat : les animaux, et particulièrement les ovins et les bovins ne ressentent pas la température comme nous. De manière générale, ces derniers s’adaptent plus facilement aux températures froides qu’aux fortes chaleurs !

Bien que, comme l’humain, les animaux soient capables de maintenir constante leur température corporelle indépendamment de la température extérieur, leur zone de confort thermique est différente de la nôtre. La température critique minimale d’une vache adulte, par exemple, est de -10°C si le temps est calme, et de +25°C pour la température critique maximale.

Quels critères influencent ces températures critiques ?

Les conditions climatiques, comme le taux d’humidité de l’air, l’ensoleillement direct (ou à l’inverse la présence d’ombrage) et la vitesse du vent, ainsi que le niveau de production, particulièrement chez la vache en lactation, influencent sa capacité à s’adapter à une température donnée.

Le stress thermique dû à des chaleurs excessives est très important. Il entraine une baisse de la production laitière et de la croissance, une baisse de la prise alimentaire, une diminution du temps passé couché ou encore une baisse de la fertilité. En volailles, les risques de mortalité sont très importants au-delà de 30°C, mais dès 23°C, l’animal réduit ses apports en énergie en diminuant sa consommation alimentaire. Il s’agit du premier facteur de risque de baisse des performances.

La zone de confort thermique est la plage de températures où l’animal arrive à garder sa température constante avec très peu d’efforts.
La zone de neutralité thermique est la zone de températures dans laquelle l’animal maintient sa température corporelle en modifiant son comportement. Elle est délimitée par les températures critiques minimales et maximales qui varient fortement d’une espèce à l’autre.

Quelles est la zone de neutralité thermique pour les différentes espèces d’élevage ?

Cette zone est très variable d’une espèce à l’autre. Elle est influencée par l’âge des animaux (les veaux n’ont pas la même plage thermique que les bovins adultes). Elle est de -5°C à 20°C chez les bovins adultes et de -8°C à +23°C pour les moutons adultes. En volailles, la zone de neutralité thermique des jeunes animaux évolue avec l’emplumement et s’élargit en fonction de l’âge. Elle se situe entre 31°C et 33°C pour des poussins de 1 jour et entre 18°C et 20°C pour des poulets de 42 jours.

Que font les éleveurs pour éviter le stress thermique ?

Les répercussions des fortes chaleurs sur les animaux d’élevage sont multiples. Certaines sont visibles comme la réduction de l’ingestion d’aliments puis la baisse de la production laitière qui en découle ou une diminution de la croissance chez les animaux viandeux. Les animaux ont également besoin d’augmenter leur consommation d’eau plus ou moins fortement en fonction du stress subi. D’autres conséquences sont moins visibles car elles apparaissent à moyen et long terme comme la réduction de la vitesse de la croissance et un allongement de l’engraissement, les difficultés dans la reproduction, la baisse de l’immunité…. Les éleveurs ont donc tout intérêt à agir pour maintenir le confort thermique de leurs animaux.

Les ruminants

Lors de fortes chaleurs, les haies et les arbres permettent aux animaux de se mettre à l’ombre. L’éleveur veille aussi à ce que les animaux disposent d’eau de qualité en suffisance. Cependant, lorsque les températures dépassent 30°C, comme cela a été la cas ces dernières années, pendant l’été, les animaux préfèrent rester dans l’étable même lorsqu’ils ont accès à l’extérieur. En effet, les étables sont aménagées pour permettre des conditions favorables pour les animaux (ventilation naturelle, ombrage et accès aisé à des abreuvoirs).

Comme les humains, au moment des fortes chaleurs, les ruminants ont besoin de bien s’abreuver, d’avoir une alimentation adaptée et d’être dans un endroit bien ventilé. Dans l’étable, les éleveurs veillent particulièrement aux systèmes d’abreuvement et de ventilation. Ils cherchent notamment à améliorer la ventilation naturelle avec des systèmes de murs mobiles ou en filet en partie basse des bâtiments.

Les zones surchauffées de l’étable à cause du rayonnement direct du soleil ou via les tôles transparentes du toit sont également un problème. Certains éleveurs utilisent un produit qui blanchit les transparents sans les rendre opaques et qui réduit la chaleur.

D’autres mesures peuvent également être prises lorsque la température dépasse 30 – 35 C à l’ombre comme la ventilation mécanique, l’installation de douchettes ou la brumisation.

Les porcs

La zone de neutralité thermique des porcs est très étroite : 20 à 25°C. Les éleveurs combinent différentes actions pour diminuer significativement le stress thermique chez les porcs, limiter les risques de déshydratation ou de coup de chaleur et favoriser le bien-être des animaux. Ces mesures sont particulièrement importantes lors d’une canicule.

Parmi les actions prioritaires, l’amélioration de la ventilation joue un rôle crucial. Il est conseillé d’installer des systèmes de ventilation efficaces tels que des extracteurs d’air et des ventilateurs puissants pour renouveler l’air à l’intérieur des bâtiments, réduire la température ambiante et favoriser une circulation optimale de l’air. Cela permet d’éviter l’accumulation de chaleur et de favoriser un environnement plus frais pour les porcs.

Les animaux qui ont un accès à l’extérieur peuvent également choisir l’endroit où la température leur convient le mieux. Lorsque les animaux sont élevés en plein air, ils peuvent aussi avoir accès à une mare artificielle afin de s’y rafraichir.

Par ailleurs, la protection contre le soleil direct est également indispensable. La mise en place de toiles d’ombrage, de pergolas ou de voiles permet d’offrir un abri aux animaux, limitant ainsi l’augmentation de leur température corporelle due à l’exposition au soleil. Ces protections contribuent à créer des zones ombragées dans les espaces extérieurs ou dans les courettes, réduisant le stress thermique.

La gestion de l’eau constitue une autre mesure fondamentale. Il est important de fournir en permanence une quantité suffisante d’eau fraîche afin que les porcs puissent s’abreuver régulièrement. Une hydratation adéquate aide à réguler leur température corporelle et à compenser la perte de chaleur par transpiration ou respiration. De plus, l’utilisation de systèmes de brumage ou de pulvérisation d’eau fine permet de diminuer la température ambiante par évaporation, offrant ainsi un effet de rafraîchissement immédiat et efficace. Ces systèmes doivent être bien dimensionnés pour couvrir les zones principales où les animaux se tiennent.

L’aménagement des bâtiments joue également un rôle clé dans la lutte contre la chaleur. Il est recommandé d’opter pour une isolation thermique performante, ainsi que pour des sols rafraîchis ou constitués de matériaux qui favorisent une meilleure régulation thermique. Par exemple, des sols en béton ventilés ou recouverts de matériaux à forte capacité thermique peuvent aider à limiter la montée en température à l’intérieur des bâtiments.

Concernant la nutrition, il est conseillé d’adapter l’alimentation en réduisant la quantité de protéines ou en modifiant les horaires d’alimentation. Donner à manger tôt le matin ou en fin de journée permet de limiter la production de chaleur lors de la digestion, qui peut aggraver la stress thermique. Cela contribue également à préserver la santé et la croissance des porcs en période de forte chaleur.

Enfin, il est recommandé de réduire autant que possible les manipulations ou transports durant les heures les plus chaudes de la journée. Ces activités peuvent augmenter le stress thermique chez les animaux, notamment en les déplaçant ou en les manipulant alors qu’ils sont déjà vulnérables à la chaleur. En limitant ces interventions, on contribue à préserver leur confort et leur santé.

La densité des animaux au sein des étables peut également être réduite afin d’augmenter leur espace individuel.

En combinant toutes ces mesures — ventilation renforcée, protection solaire, gestion de l’eau, refroidissement par brumisation, aménagement thermique des bâtiments, adaptation de l’alimentation et réduction des manipulations — les éleveurs peuvent significativement diminuer le stress thermique chez les porcs. Ces actions favorisent un environnement plus confortable, limitent les risques de déshydratation ou de coup de chaleur, et permettent aux animaux de maintenir leur croissance et leur santé durant les périodes de forte chaleur.

Les volailles

Comme les mammifères, les volailles sont des animaux homéothermes, c’est-à-dire qu’ils conservent une température constante, quelle que soit la température du milieu extérieur, dans de très larges limites. Par exemple, les poulets doivent maintenir une température interne de 40°C. N’ayant pas de glandes sudoripares, ils doivent éliminer l’extra-chaleur par d’autres moyens (le bec via le halètement, les plumes, les pattes). Le rythme respiratoire a un rôle très important dans la thermorégulation.

Quand les températures à risques sont atteintes (maximum 30°C à 31°C en journée), – mais dès 25°C, les animaux commencent à faire beaucoup d’effort pour maintenir leur température corporelle -, les conditions d’ambiance des poulaillers requièrent une grande attention. Elles passent par le contrôle :

  • De l’humidité relative (HR) : la température effectivement vécue par les animaux est beaucoup plus haute en cas de HR élevée,
  • De la vitesse de l’air,
  • Du renouvellement de l’air.

Pour ce faire, des moyens sont utilisés par les éleveurs :

  • Des rampes de brumisation installées à l’intérieur (pour refroidir l’air), des brasseurs d’air,
  • L’aspersion du toit du poulailler,
  • L’ombrage autour du bâtiment,
  • La consommation d’eau fraîche et de qualité,
  • La mise à jeun des volailles et l’apport de sels et de vitamines.

Sources :