Un tas de choses se racontent sur l’impact environnemental de l’élevage des vaches, sur les aliments qu’on leur donne ou encore sur la responsabilité des éleveurs dans le phénomène de déforestation dans les pays producteurs de soja. Pourtant, le premier aliment essentiel pour une vache reste toujours bien naturel, local et respectueux de notre environnement : l’herbe. Mais ce n’est pas le seul composant de la ration alimentaire des vaches.
L’herbe, le 1er aliment des bovins
Pour produire du lait ou de la viande, les ruminants, comme les vaches, ont besoin d’une ration journalière constituée principalement d’herbe. Cette herbe est directement fraîche à la belle saison, et récoltée directement par les vaches lorsqu’elles pâturent. En automne et en hiver, les ruminants peuvent manger de l’herbe sous forme de foin et d’ensilage.
L’herbe est produite dans l’exploitation. Cet aliment est donc le moins cher pour l’agriculteur et le plus adapté aux bovins.
Information
Les ruminants sont les seuls animaux de ferme capables de valoriser l’herbe des prairies pour la transformer en lait et en viande pour l’homme.
D’ailleurs, bonne nouvelle, de l’herbe, la Wallonie en regorge! Les prairies permanentes et temporaires occupent près de la moitié de la surface agricole utile (SAU). Ceci représente 338.521 ha, soit 3.400 km².
Toutefois, la répartition des prairies sur le territoire wallon dépend des régions, des propriétés de leur sol et de leurs spécificités climatiques. C’est pourquoi dans certaines régions comme la Haute-Ardenne, il y a énormément d’éleveurs de bovins. Par contre, dans les zones limoneuses du Hainaut ou du Brabant Wallon, les sols sont plus adaptés aux cultures.
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17% de la totalité des prairies wallonnes sont gérées en respectant le cahier des charges de l’agriculture bio.
L’herbe constitue 60% à 80% de la ration alimentaire d’une vache. En plus des fourrages (herbe pâturée, ensilage de maïs ou d’herbe), d’autres sources d’énergies sont utilisées pour équilibrer la ration alimentaire des vaches: céréales, drêches de brasseries, tourteaux de colza, tourteaux de soja, tourteaux de lin, graines de pois et d’oléagineux…
Il faut savoir que la proportion de chaque type d’aliment est adaptée au type de bétail et à son stade de croissance. La proportion des aliments varie aussi de l’autonomie alimentaire de la ferme et de ce qu’elle peut produire.
Tout comme pour la nature des différents aliments, les bovins ont besoin de quantités différentes en eau et en aliments. En effet, cela dépend de la race, de l’âge et du type d’élevage. A titre indicatif, voici des fourchettes estimées.
Quantité d’aliments
Entre 6-10 et 15-20 kg de matière sèche sont ingérés chaque jour :
Taurillon viandeux : 6-10 kg de matière sèche (MS)
Une vache doit boire entre 40 et 70 litres d’eau par jour, voire plus
Vache laitière : environ 70 litres
Taurillon viandeux : environ 40 litres
La quantité d’eau est aussi fonction de la production (surtout en élevage laitier), de la température et aussi de la quantité d’eau dans les aliments.
Soja, OGM, additifs… on en parle
Le tourteau de soja présente un grand intérêt nutritionnel grâce à ses très hautes teneurs en énergie et surtout en protéine, ainsi qu’à sa composition très équilibrée. Source de controverses, l’utilisation du soja diminue de plus en plus en Wallonie, où il ne peut pas être cultivé. Aujourd’hui, on remplace le soja par des sources de protéines locales, comme le tourteau de colza.
La Belgique autorise la culture d’une seule variété de maïs OGM. Il arrive toutefois que certains aliments provenant de plantes OGM importées soient utilisés dans les rations des animaux, de façon légale, strictement contrôlée et sans aucun impact sur la santé humaine.
On peut ajouter certains additifs à la ration alimentaire des animaux, par exemple pour favoriser la digestibilité ou encore stabiliser la flore intestinale. Ces additifs n’ont pas d’impact sur la santé humaine ou animale, ni sur l’environnement.
En agriculture biologique, les aliments des animaux à base de cultures OGM sont strictement interdits.
L’autonomie alimentaire d’une ferme
Enfin, l’autonomie alimentaire d’une ferme wallonne varie entre 60 et 100%.
L’autonomie alimentaire de l’exploitation est le rapport entre les aliments produits (fourrages, céréales, protéagineux) sur l’exploitation et la totalité des aliments consommés par le troupeau sur cette exploitation (Inra, 2015).
Cuvelier C. et Dufrasne I.2015 : Alimentation de la vache laitière – Aliments, calcul de ration, indicateurs d’évaluation des déséquilibres de la ration et pathologie d’origine nutritionnelle. ULg
Froidmont E., Cartrysse C., Decruyenaere V., 2006a. Plus d’autonomie en protéines végétales – Les protéagineux: avantages et possibilités. Wallonie Elevages, 5, p.47–49.
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Règlement européen (Règlement (CE) n°1831/2003) relatif aux additifs destinés à l’alimentation des animaux et une liste des additifs autorisés en alimentation :
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