Quelques définitions avant de commencer :
Légumineuses : Plante dont le fruit est une gousse (Dictionnaires Le Robert) dont les légumineuses à graines comestibles par l’homme (le soja, la féverole, la lentille, la fève, le haricot, le pois et le pois chiche) et les légumineuses utilisées pour exclusivement pour l’alimentation des animaux (la luzerne, le sainfoin, le lupin, le lotier, les trèfles et la vesce).
Protéagineux : Légumineuse qui contient une grande proportion de protéines comme le pois, la féverole, le lupin et le soja.
Oléoprotéagineux : Plantes dont les graines, les fruits sont riches en huile (lipides) et en protéines comme le lin, le colza et le tournesol.
Une étude menée fin 2020 auprès d’un échantillon de 1.500 personnes, représentatif de la population belge francophone nous apprend que les végétariens représentent 7% de la population et les vegans 2% (marge d’erreur de 2,5%). En terme de profil on peut noter que le végétarisme
intéresse un peu plus les jeunes (18-34 ans) et les femmes. On ne note par contre pas de différences significatives au niveau des âges pour les personnes véganes. Les alternatives végétales aux produits d’origines animales ne sont plus considérées comme des produits de niche, puisque pas moins de 70% des personnes déclarent en consommer de temps en temps tandis que 26% en consomment au moins une fois par semaine, les plus grands consommateurs étant les jeunes (18-34 ans), les femmes et personnes habitant la région bruxelloise.
Les intentions futures sont tout aussi claires puisque 32% des personnes interrogées déclarent avoir l’intention de consommer plus d’alternatives végétales à l’avenir.
* Selon l’Observatoire de la consommation de l’Agence wallonne de promotion d’une agriculture de qualité (APAQ-W)
En 2020, les légumineuses sont cultivées sur 23.000 ha en Wallonie et les légumineuses récoltées en grains secs (lentilles, haricots secs, pois secs) représentent un peu plus de 5.000 ha (La surface agricole utilisée (SAU) wallonne couvre 740.000 ha) . La Wallonie produit près de 80% des légumineuses belges.
La culture de légumineuses présente une série de défis techniques tant au niveau des pratiques agronomiques, que pour le développement industriel.
Du point de vue agronomique, la culture de légumineuses est relativement exigeante au niveau climatique et peut être atteinte par des organismes nuisibles spécifiques ce qui rend nécessaire certains traitements phytosanitaires au risque de voir la culture et ses bienfaits s’effondrer. Ces cultures souffrent actuellement d’une plus grande variabilité annuelle de leurs rendements par rapport aux céréales, mais aussi d’écarts de rendements quantitatifs et qualitatifs entre parcelles de production. Ce dernier aspect ainsi que le manque de compétitivité économique de ces cultures protéagineuses (revenu insuffisant et volatil) sont des freins majeurs au développement de ces productions.
D’un point de vue qualitatif, le développement industriel nécessite une attention particulière aux facteurs suivants :
D’un point de vue qualitatif, il faut également noter le besoin de liens forts entre les segments de l’alimentation humaine (Food) et l’alimentation animale (Feed) en vue de valoriser les résidus et écarts de tris du « Food » dans l’alimentation animale.
Depuis quelques années, on voit se développer des cultures protéiques en association avec une céréales au détriment des cultures en pures (pois et féveroles). Ces associations céréales-légumineuses permettent de sécuriser les rendements pour l’agriculteur.
En savoir plus :
Christian Schiepers cultive avec sa fille une exploitation de 113 ha à Antheit, la ferme passera bientôt intégralement en bio (actuellement 60 Ha). La rotation est extrêmement diversifiée : prairie temporaire, épeautre, froment dont des anciennes variétés, orge de brasserie, pomme de terre, moutarde (pour la moutarderie Bister), colza et bourrache (pour le Domaine de Naxhelet), légumineuses (pour Graines de Curieux) … A la ferme Schiepers on cultive les légumineuses en association : la féverole avec l’avoine, les lentilles avec l’épeautre, le triticale avec le pois. Les légumineuses représentent 35% de l’assolement.
« L’association d’une céréale avec une légumineuse est très bénéfique, les céréales forment des tuteurs aux légumineuses et surtout elles servent de leurre aux ravageurs, c’est particulièrement utile car en bio, on n’a pas de traitements alternatifs. Les légumineuses enrichissent fortement mon sol et l’allongement des rotations me permet de diminuer le salissement de nos cultures ».
Cette diversifié de cultures est une vraie force mais aussi une difficulté à gérer : des stocks de semences importants, difficultés logistiques pour passer d’une culture à l’autres avec le semoir, chaque culture a ses spécificités, il faut modifier les réglages des différents outils.
« Cela prend beaucoup plus de temps que si je n’avais qu’une ou deux cultures différentes à gérer ».
Mais qu’est-ce qui pousse Christian Schiepers et sa fille a autant innover depuis une dizaine d’années ?
« J’ai voulu reprendre la maitrise de ma production et leur commercialisation. En association avec la Ferme Jolly, nous avons ouvert la boulangerie Champain, qui fonctionne tellement bien que nous avons un deuxième projet en cours. Je fournis également Graines de curieux, la moutarderie Bister, etc. ces réussites me donnent envie de continuer. »
Paul, en association avec Guillaume, Quentin et Kris se sont lancé, il y a 6 ans dans les légumineuses en agriculture biologique. En plus des cultures traditionnelles telles que les céréales, les légumes, les pommes de terre et les chicorées, ils cultivent ensemble une vingtaine d’hectares de cultures protéiques : lentilles vertes, lentilles blondes, lentilles corail, pois chiches et quinoa.
« L’idée nous est venue à un salon bio en Suisse, on a constaté qu’il y avait une forte demande pour ce type de produit. On a commencé par un ½ ha petit à petit, à force d’essais et d’erreur on a augmenté la superficie. On a commencé en conventionnel sans insecticides puis par la suite on est passé en bio.
Même si pour Paul la production parait plus facile que le marketing, ce n’est pas une mince affaire. Cette année à cause des mauvaises conditions climatiques, ils n’ont pas pu récolter les lentilles et les pois chiches, heureusement, il leur restait un peu de stock de l’année passée.
« La rotation est extrêmement importante, il faut la rallonger au maximum pour éviter les maladies comme on est en bio, on a peu d’alternatives possibles. »