En 2020, 13% des émissions de gaz à effet de serre en Wallonie sont émis par le secteur agricole. Cette proportion est stable par rapport aux chiffres 2018 utilisés dans notre dossier « Elevage et gaz à effet de serre ». L’agriculture reste la 4iem source d’émissions de GES après l’industrie, le transport et le résidentiel.
Entre 1990 et 2020, les émissions totales de GES en Wallonie ont diminuées de -39% et les émissions de l’agriculture wallonne de -18%. Cette diminution est due essentiellement à la diminution du cheptel de vaches laitières (-49% entre 1990 et 2020) et à une amélioration de la gestion des effluents d’élevage (fumier et lisier) et une diminution de ceux-ci.
Le potentiel de réchauffement global (PRG) décrit la puissance relative d’un gaz à effet de serre, en tenant compte de la durée de temps pendant laquelle il restera actif dans l’atmosphère. Le gaz de référence est le CO2 dont le PRG = 1. Le PRG du CH4 est 27,2 fois plus élevé et celui du N2O est 298 fois, d’où l’importance de ces gaz malgré les quantités plus faibles qui sont émises. (Source : GIEC 2021) |
Au niveau régional, tout secteur confondu, les émissions de CH4 et N2O représentent respectivement 8% et 7% des émissions totales de GES
L’agriculture est la principale source de méthane (CH4 – 77% des émissions en 2020) et de protoxyde d’azote (N2O – 82% des émissions en 2020). Par contre, l’agriculture n’est responsable que de 1% des émissions de CO2 en Wallonie.
Les émissions de CH4 se font essentiellement via la fermentation entérique qui a lieu lors de la digestion des ruminants et dans une moindre mesure via le stockage des déjections. Les émissions de N2O sont dues à l’épandage des engrais chimiques et organiques (fumier, lisier, compost…), aux déjections des animaux en prairies et aux résidus de cultures.
Des projets de recherche ont été menés en Wallonie sur les liens entre l’alimentation des ruminants et la pression sur l’environnement. Ils incluent les relations alimentation – performance animale et les impacts directs sur les émissions de GES mais également les impacts environnementaux indirects liés à la production des aliments.
Les impacts directs sont les pertes directement sur l’exploitation alors que les impacts indirects sont liées à la fabrication d’aliments, de matériel, etc. avant qu’ils n’arrivent sur l’exploitation. La réduction d’un type de pertes peut engendrer une augmentation de l’autre. Ainsi, le fait d’être autonome, de produire l’essentiel de l’alimentation du bétail sur la ferme va générer une augmentation des pertes directes. A l’inverse, acheter des aliments va diminuer les pertes directes mais augmenter les pertes indirectes liées à leur production hors de l’exploitation ou même de la Wallonie. D’où l’intérêt de l’ACV (analyse du cycle de vie) qui prend ces différentes impacts en compte. |
Plusieurs pistes ont été dégagées qui permettent aux éleveurs de réduire l’émission de GES :
Par ailleurs, fin 2021, l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) a constaté que l’ingrédient développé par DSM, 3-NOP, dénommé Bovaer®, permettait de réduire les émissions de méthane entériques produites par les vaches laitières et que celui-ci était sans danger pour les animaux et les consommateurs. Le 7 avril 2022, la Commission européenne a publié son approbation officielle de l’utilisation de Bovaer® chez les vaches laitières et les vaches reproductrices.
Afin de permettre aux agriculteurs de quantifier, entre autres, leurs émissions de GES directes et indirectes et de prendre des mesures pour les diminuer, le CRA-w a développé un outil numérique sur base de la méthodologie Analyse de Cycle de Vie (ACV) appelé DECiDE (https://www.decide.cra.wallonie.be). L’outil est aujourd’hui opérationnel pour les ateliers lait, viande bovine et grande culture mais les modules liés au petits ruminants et aux monogastriques sont en développement.
Il ne faut pas oublier que les émissions peuvent être relativisée au kg de produit (en lien avec les performances animales) ou à l’hectare. Au kg produit, on favorisera une agriculture plus intensive qui permet de diluer les ‘émissions fixes’ dans un plus grand volume produit. Une agriculture plus extensive, avec une densité animale moindre aura par contre de moindres émissions par hectare. Le juste équilibre dépend du rôle attribué à l’agriculture, entre souveraineté alimentaire et préservation/restauration des ressources !