Interview de Frédéric Droeven (Horticulture ornementale)

Frédéric Droeven KR

Frédéric Droeven et son épouse, Sabine, s’occupent des Pépinières de Louveigné. Leurs cultures occupent 37 hectares. Ils produisent, avec la contribution de leurs équipes, 90 variétés de fruitiers et 200 variétés de ligneux d’ornement. L’espace d’un hectare et demi, réservé aux plantes en conteneurs, permet de présenter 700 variétés d’arbustes, 110 variétés de conifères, sans oublier les grimpantes, les bambous et graminées, les rhodos et azalées. Cette diversité n’est pas la seule qualité attirant la clientèle puisque les sujets sont cultivés en pleine terre, à 330 mètres d’altitude, ce qui garantit une bonne rusticité.


1) Selon vous, pourquoi est-ce important de mieux faire connaitre votre métier aux consommateurs ?

« Dans notre cas, on n’assimile pas « pépiniériste » à un « agriculteur » et encore moins à un « producteur ». Le grand public pense souvent qu’un pépiniériste, c’est une personne qui achète des plantes à l’extérieur et puis les commercialise. Donc, il fait l’amalgame entre les revendeurs, les jardineries, et le vrai producteur. C’est quelque chose sur lequel j’aime bien insister quand les gens viennent chez nous et qu’ils me demandent où j’ai acheté tout ce stock. Je leur réponds en riant que l’on se permet, notamment, de fermer tout l’été chez nous parce que cela prend énormément de temps de produire et de mettre toute cette marchandise à disposition du grand public et du public professionnel. Donc, il y a, avant tout, une méconnaissance de ce qu’est un producteur au niveau de tout à chacun. »

2) Quel est le sujet sur lequel il vous parait le plus important de combattre les préjugés ?

« Je vais embrayer sur le juste prix. C’est l’un de nos combats de tous les jours, au téléphone et par email, d’insister auprès de nos clients sur la qualité des produits que l’on vend, sur la difficulté que l’on éprouve actuellement face au réchauffement climatique, à l’augmentation du prix de la main d’œuvre, … Et donc j’aime bien justifier mes prix par une analyse avec le client de ce que l’on vend. Un exemple simple, pour le moment, ça va être la période de la vente des plantes de haies. Ce que l’on vend le plus ici c’est du charme et du hêtre et j’insiste toujours sur la formule culturale, sur ce que l’on vend à nos clients, c’est-à-dire, du semés-repiqués : c’est de la qualité. Ce ne sont pas des plantes qui sont simplement issues d’un semis mais qui sont toujours repiquées une deuxième fois, d’où le prix. Le consommateur lambda ne sait pas du tout ce que c’est, ils nous interrogent souvent en demandant pourquoi nous mettons « un plus deux » sur notre site. Parce que nous vendons du semé un an, repiqué deux ans donc les plants, systématiquement, ont été retirés du sol, ont été remis dans le sol. C’est nous qui avons pris le risque de la non-reprise la première année. Et tout cela, pour se différencier par rapport à une jardinerie qui va juste jouer sur un prix, sans spécifier au client ce qu’est une marchandise qui a subi certains traitements. Notamment le repiquage qui nécessite un gros coût au niveau du consommateur, mais une qualité de reprise qui est beaucoup plus importante. Cela fait partie du temps que l’on consacre à nos clients, donner l’information et justifier le prix par rapport à la démarche que cela nous demande au niveau cultural. »

3) Quel est le sujet sur lequel la position de la société a évolué positivement ?

« Sans doute, la pandémie qui nous a aidé fortement. Il est vrai que l’on a été reconnu, pendant les deux ans de pandémie, comme commerce prioritaire. Mais surtout, nous nous sommes réappropriés une certaine clientèle qui a retrouvé la voie du maraichage, notamment, et de la production locale. Chez nous, c’était pareil. Malheureusement, ce que l’on constate dans certains métiers comme le maraichage, est qu’avec la reprise d’une vie normale il y a eu, de nouveau, un recul par rapport à cette consommation en direct, je parle notamment de l’alimentation. Par contre, chez nous en ornement, sans doute que le consommateur est resté sur cette découverte parce que ce ne sont pas des achats hebdomadaires. En pépinière, ce sont des achats d’une ou deux fois l’année. Donc, dans ce cas, le consommateur continue à faire l’effort d’aller trouver ces produits chez un vrai producteur. Ce qui n’est pas toujours le cas pour les produits comestibles, les produits de bouche. »